Orpheus XXI
Musique pour la vie et la dignité / 60 min

Vendredi 14 juillet à 12h30
Musée Départemental Arles antique

Entrée libre, dans la limite des places disponibles

PREMIÈRE DATE EN EUROPE !
Réunis et présentés par le célèbre violiste JORDI SAVALL, des musiciens professionnels réfugiés en France partagent leurs cultures d’origine. Encadrés par la franco-syrienne WAED BOUHASSOUN (chant, oud), ils transmettent leur tradition musicale menacée à des enfants eux aussi déracinés.

Avec ici, le chanteur et instrumentiste kurde Rushen Filiztek (divan saz, bağlama, cümbüş) fidèle à la tradition des bardes anatoliens, et le percusionniste (daf, rec, bendir, davul) Neset Kutas, Kurde de Turquie. Deux jeunes syriennes, Shaza (kanun) et Jawa Manla (oud, chant), les accompagnent sur des chants traditionnels kurdes et syriens.


Jordi Savall est une personnalité musicale reconnue, parmi les plus polyvalentes de sa génération : concertiste, pédagogue, chercheur et créateur de projets musicaux et culturels, il se situe parmi les acteurs essentiels de la revalorisation de la musique historique. Très investi dans la revalorisation de la mémoire musicale des peuples, souvent oubliée ou non conscientisée, il a dirigé de nombreux projets en faveur du dialogue interculturel, « Les Routes de l’Esclavage » en 2015, par exemple. En 2008, il fut nommé Ambassadeur de l’Union Européenne pour le dialogue interculturel et choisi comme « Artiste pour la Paix » du programme « Ambassadeurs de bonne volonté » de l’UNESCO.
A son initiative, ORPHEUS XXI a pour objectif de permettre l’intégration de musiciens professionnels réfugiés et la transmission et le partage de leur culture. Son passage dans ‘la jungle’ de Calais en avril 2016 n’a fait que confirmer sa conviction profonde que la musique peut jouer un rôle essentiel dans cette mission.

Waed Bouhassoun (chant, luth) collabore régulièrement avec Jordi Savall. Elle fait partie des huit musiciens professionnels qu’il a sélectionné pour leurs compétences avérées dans le domaine de la pratique et de la formation musicale. Son timbre de voix d’une qualité rare, n’est pas sans rappeler les fameuses voix de la chanson arabe des années trente, Oum Kalthoum ou Asmahan. En 2009, son premier disque, La voix de l’amour obtient le Coup de coeur de l’Académie Charles Cros. Membre du CREM (Centre de Recherche en Ethnomusicologie), elle est aussi doctorante en ethnomusicologie à l’Université Paris X Nanterre.

De novembre 2016 à mars 2018, elle est donc l’une de ces huit musiciens formateurs, encadrant une vingtaine de musiciens réfugiés, qui dispensent eux-mêmes un enseignement musical auprès d’une centaine de jeunes et enfants réfugiés et européens. Ensemble, ils travaillent un répertoire de musiques de tradition orale, vocales et/ou instrumentales, issu de leurs pays d’origine. Pour ce premier concert de l’Ensemble interculturel ainsi constitué, on retrouve ici Waed Bouhassoun avec le chanteur et musicien kurde Rushen Filiztek (divan saz, bağlama, cümbüş) fidèle à la tradition des bardes anatoliens, et le percussionniste kurde (daf, rec, bendir, davul) Neset Kutas. Deux jeunes Syriennes, Shaza (kanun) et Jawa Manla (oud, chant), les accompagnent sur des chants traditionnels kurdes et syriens. 


Travailler avec l'autre nous permet de mieux connaître sa musique et ses codes. S’il est vrai que la musique existe chez tous les peuples et qu’elle est un moyen de communication avec l’autre, les musiques sont néanmoins différentes entre elles et elles expriment bien la diversité culturelle. Dans notre première rencontre on cherche à se comprendre l’un l’autre, afin de pouvoir travailler ensemble et trouver une longueur d’ondes commune qui nous permettrait d’exprimer chacun son identité, tout en restant à l’écoute de l’autre et en complémentarité avec lui, et en respectant aussi les codes de chacune de nos musiques.

On réalise ce travail avec l'autre dans une ambiance familiale, car avec Jordi Savall nous sommes une famille dont les membres sont originaires de vingt pays, où il y a une âme joyeuse avec laquelle on arrive à faire quelque chose de beau. Il n'y a pas de vedette parmi nous, il y a seulement le plaisir de jouer, de chanter, de découvrir, d'apprendre, et d'échanger.

En ces temps difficiles nous avons tous besoin d'être ensemble, de partager des moments de bonheur et de plaisir. « En ces temps de crise, la musique continue de remplir un rôle très important : plus nos circonstances sont difficiles plus notre besoin de paix, d’émotion et d’espoir que la musique peut apporter, est important. » Jordi Savall

Personnellement, l’année 2012-2013 en particulier a été une année extrêmement difficile pour moi car je n'ai pas pu aller dans mon pays d’origine, la Syrie. J’ai vécu une inquiétude extrême, des moments d’angoisse et de perdition, un état de déprime dévastateur. Durant cette année là, j'ai commencé mon travail avec Jordi Savall, ce travail m’a permis d’extérioriser ma douleur, il m'a aidé à continuer, à trouver une deuxième famille, et à travailler avec des artistes venant d’autres pays. Notre famille a grandi aujourd'hui en accueillant de nouveaux membres avec l’espoir que cela les aidera à s'habituer à leur nouvelle vie. Ces nouveaux membres, musiciens de plusieurs pays, sont arrivés avec un trésor de répertoire oral. Il est essentiel que ces musiciens continuent à pratiquer leur musique car c'est pour eux une manière de se retrouver, de jouer avec d'autres musiciens et dans une deuxième étape de transmettre leur savoir à une nouvelle génération. Les musiques traditionnelles, comme le dit Jordi Savall, « se sont conservées parce qu'elles aidaient les gens à survivre, elles leur donnaient un peu d’espoir. Aux temps des persécutions et de l'exil, elles étaient porteuses de l'identité d'un peuple et étaient tout simplement indispensables. » Waed Bouhassoun

Avec le soutien de la Commission Européenne dans le cadre du programme Europe Créative, avec la Fondation Cima, La Saline Royale d’Arc-et-Senans et la Fondation Orange.